Anne Gorouben

ÉCRITS PERSONNELS (sélection)

Table des matières

2016 NI TOUT À FAIT LA MÊME NI TOUT À FAIT UNE AUTRE, Lisières de l’Autofiction, Colloque Cerisy-la-Salle 2012, Isabelle Grell et Arnaud Genon, PUF

NI TOUT À FAIT LA MÊME, NI TOUT À FAIT UNE AUTRE (LES AUTOPORTRAITS DANS LA VALISE)

« La solide délimitation des corps humains est horrible. » Kafka, Journal, 30 octobre 1921

Je sais ce qui m’a fait peintre et pourquoi le portrait a pris pour moi une importance essentielle. Une vieille douleur, une impossibilité de regarder l’autre dans son enfermement, l’enfermement de sa forme, de son visage, de sa vie. J’ai pris le pari de la combattre dès que j’ai eu des armes : un crayon, du papier.

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2007 AUTOPORTRAIT GUEULE DE BOIS, revue VERSO

AUTOPORTRAIT GUEULE DE BOIS

« Je fais des portraits… »
Rembrandt, peintre

« Alors, par exemple, j’ai votre ekta sous les yeux. Expliquez-moi donc en quoi un autoportrait c’est de l’art contemporain…  »
Une commissaire d’exposition, vers 1990
« Ma petite fille chérie, j’adore ta peinture, mais c’est tellement sombre tu comprends, on voit mal. Tu ne peux pas faire plus clair ? »
Mes grand-mères

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2005 TU N’AS RIEN VU AU SAMU SOCIAL, Espace Saint-Michel, Samu Social de Paris, Saint-Mandé

TU N’AS RIEN VU AU SAMU SOCIAL (Extraits de journal de bord)

« J’écris très certainement ceci poussé par le désespoir que me cause mon corps et l’avenir de ce corps. » Kafka, Journal.

Je dessine au Samu social de Paris depuis le 21 juillet 2005. Cela fait un mois que j’attendais l’autorisation de venir, avec mon carnet dans mon sac. Au centre Emmaüs de Sainte-Anne, en 2000, on m’avait dit : « les gens font ce qu’ils veulent, vous n’avez pas besoin d’autorisation, c’est eux qui vous diront. »
Au Samu social, il faut rencontrer « le Rez-de-chaussée », ce qui donne une impression fausse : on va s’intéresser à ce qui se produira là-haut, au service des soins infirmiers, espace Saint-Michel où je vais proposer des portraits.

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2003 LES ENFANTS MALADES, Catalogue résidence d’artistes à l’hôpital, Art Dans La Cité/Pôle mère-enfant de l’hôpital René Dubosc, Pontoise

LES ENFANTS MALADES

J’ai apprivoisé ces longs trajets : les attentes de Vick, Nora, Odet, sur les quais froids et attaqués par le vent.
J’ai peu à peu laissé mon corps se détendre, mes yeux se poser avec confiance sur ces paysages qui défilent en désordre, la banlieue, chaos où surnagent des petites maisons de moulière au milieu de grands vides auxquels je ne comprends rien.
Le wagon est désert lorsque j’arrive à Pontoise ; bus 34n, Hôtel Dieu, Cimetière, Lycée Pissaro…l’hôpital.

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1999 D’ODESSA À ODESSA (UN VOYAGE), MARSEILLE TRANSIT

Je pars pour New York après avoir visité l’exposition de Marc Rothko et jusqu’à la fin du séjour, à part quelques vernissages (PS1, DIA…), je ne ressens pas le besoin de voir de la peinture ni de visiter de galerie.
Mon questionnement sur le visage, le portrait est incessant.
Je viens de réaliser un mur de visages que j’intitule « Pas de jour sans un visage » en reprenant la phrase de Pline l’Ancien au sujet du peintre Apelle, « Pas de jour sans une ligne. »

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1998 LA MAISON ODESSA, Cahiers du Judaïsme n°1

La maison Odessa

J’ai grandi à Montparnasse, près de la Coupole, entre notre samovar et la rue d’Odessa. Le samovar vient de mon grand-père paternel, arrivé très jeune d’Odessa avec sa famille. Sur ses flancs sont imprimés des tampons en écriture cyrillique. Cet objet magique, rayonnant, a toujours eu beaucoup de sens secret pour moi. Odessa était un lieu sans récit contenu dans son mystère doré. Plus tard j’ai dessiné un autoportrait reflété sur sa paroi. Il symbolisait pour moi la filiation, la transmission.

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1997 LE CAHIER DE LÉONIE

J’ai rencontré Léonie en 1996, une amie m’avait parlé d’elle « elle ressemble tellement à ta peinture ».
Léonie vivait quotidiennement au bas de l’escalier du métro Anvers.

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1984 LA VOIE DE LA FIGURE, mémoire ENSAD

Longtemps je n’ai fait que des autoportraits. Au terme d’une journée d’errance, ils portaient tous un désir de rédemption.
Ils remplissaient mes carnets. Ils s’imposaient à moi. Depuis l’enfance, J’avais toujours eu le sentiment que les miroirs me trahissaient. Lorsque mon dessin s’est fait plus libre, j’ai commencé de traquer ces images multiples qu’ils m’offraient. Ma frénésie était telle que ces autoportraits finissaient souvent entièrement noirs.

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