Anne Gorouben

ANNÉES 80-90, peintures, pastels et dessins (sélection)

J’ai toujours travaillé le pastel dans le sentiment de sa formidable ambivalence. Pigment pur aggloméré, il est éternel, matériau primitif, base de toute peinture. Il me donne le plaisir du contact permanent de la main (paume, dos, doigts, ongles) avec le pigment et le support, sans distance, sans intermédiaire; sensation de fusion. J’éprouve le caractère terrien du matériau, dans l’enrichissement progressif, comme par sédimentation, du support qui garde en mémoire la trace du précédent passage de couleur. Pourquoi parler d’ambivalence ? C’est qu’à la force et à la résistance du pigment s’associent pour moi la vulnérabilité de la poussière et l’étouffement de la cendre.
Anne Gorouben, Force et fragilité du pastel,, Jean-Luc Beaudonnet, Le Pastel, éditions Fleurus 1993