Anne Gorouben

2015, MON KAFKA, dessins au crayon sur papier

« J’y songe souvent et, chaque fois, » je me demande quand dans ma vie est apparu le Journal. Impossible de dater cette apparition, mais il me semble tout de même que ce fut très tôt, dès mes premières années d’étude, presque à l’âge où Kafka a commencé à l’écrire. Il ne m’a plus quitté. Ce grand livre souffrant, tragique et drôle, n’est pas de ceux qui détruisent, mais de ceux qui sauvent, qui donnent de la force. On y revient, sans cesse. Parcouru par la douleur de l’existence, il est traversé par la lumière. D’une beauté déchirante, il est transpercé par l’échec, par l’angoisse lancinante de l’échec, par le désir de solitude et par le désir de la rencontre, par la nécessité menacée d’écrire et la douleur du corps, du « désespoir que me causent mon corps et l’avenir de ce corps » (1910).

Extrait de la 4eme de couverture de MON KAFKA, encre marine/Les Belles Lettres, 2015   https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782350880952/mon-kafka