Anne Gorouben

2004 LES ÊTRES GYROVAGUES, huile sur toile

« et les animaux pressentent et savent, dans leur sagesse, qu’on ne peut pas s’y fier : que nous n’habitons pas vraiment chez nous dans le monde interprété. » Rainer-Maria Rilke * 1 ère Élégie de Duino, trad. Armel Guerne Ed. Seuil copyright trad. 1972
   
J’ai choisi de présenter « les êtres gyrovagues » dans ce triangle d’errance que forment la place Franz Liszt, marqué par Saint Vincent de Paul, la gare du Nord et la gare de l’Est, situé à l’opposé géographique de mon atelier: Balard-Terminus. ….De la gare de l’Est, centre de migrations toujours actuelles, je suis souvent partie à la fin des années 80 vers Berlin Ouest puis vers Dresde, pour un cycle d’œuvres d’Allemagne que je nommai « Le poids des silences ». Ce triangle d’extraordinaire mélange de populations du Sud, du Nord, de l’Asie, de l’Est…est aussi un quartier en mouvement permanent comme le sont paradoxalement les femmes et les hommes souvent accompagnés de leurs chiens que je dessine depuis longtemps dans les cafés. « Les êtres gyrovagues », tableaux d’où les objets se sont absentés, trouveront là j’espère leur juste place ; ces êtres statiques et pourtant toujours en déplacement, dont nous sommes, partageant l’espace et peut-être ce « suspens du temps » que je demande depuis toujours à la peinture d’accorder.     Anne Gorouben, Mars 2005, extrait de LES ÊTRES GYROVAGUES (UNE GÉOGRAPHIE PARISIENNE)