Anne Gorouben

Je pars pour New York après avoir visité l’exposition de Marc Rothko et jusqu’à la fin du séjour, à part quelques vernissages (PS1, DIA…), je ne ressens pas le besoin de voir de la peinture ni de visiter de galerie. Mon questionnement sur le visage, le portrait est incessant. Je viens de réaliser un mur de visages que j’intitule « Pas de jour sans un visage » en reprenant la phrase de Pline l’Ancien au sujet du peintre Apelle, « Pas de jour sans une ligne. » L’un de ces visages est celui d’une amie, presqu’une petite sœur qui succombe au cancer qui l’emporte pendant le temps de mon exposition. J’ai tenu à ce que son visage soit central, comme la menace qui pèse sur elle est au centre de mes pensées depuis deux ans.     Anne Gorouben, extrait de D’ODESSA À ODESSA (UN VOYAGE), 1999