Anne Gorouben

2005 HAUT LES COEURS ! pour Boris Tazlitsky, Les Lettres Françaises

C'est ainsi que je voudrais saluer Boris Taslitzky: par ses mots, à lui. Par cette expression qui lui ressemble tellement.

Qui ressemble à son imposante stature, parcourant les couloirs de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris où je le rencontrai en 1979. Il y enseignait le dessin avec passion.

C'est cette haute figure d' Homme qui me marqua pour toujours lorsque Jean-François Ermond me mena à la Bibliothèque pour me montrer les "111 Dessins de Buchenwald".

Au début de la série, on voit des hommes assemblés ou seuls en un lieu que l'on n'identifie pas. Il y a une magnifique fraternité dans ces dessins; et peu à peu sourd de ces visages, de ces corps, l'atroce prégnance du camp.

Je n'ai jamais pu aborder Boris, lors de mes visites à son atelier de la rue Ricaut, sans une particulière timidité: celle qu' inspirent quelques personnes  que l'on aime avec tendresse, et que l'on respecte trop pour être familier. Celle que j'ai eue pour ce "grand-père" choisi sans le lui dire, ce combattant dont les yeux en avaient tant vu, qui était d'une forte lucidité concernant ses engagements présents et passés, et dont le guide de vie était la peinture..

Boris Taslitzky était un grand vivant.

A la vie !

Haut les cœurs !

Anne Gorouben, Les Lettres Françaises 2005